16/2/2022… La gorge trop serrée pour aucun commentaire.
Métamorphose apollinienne
. Au poète de Gisants
Les arbres au jardin sont indifférents
à nos peines et des nuages de fleurs
printaniers y fleurissent comme si
quelque part se préparait un mariage
Le soleil devient flou et sa lumière
se brise dans nos larmes et celles
de la rosée car en secret la nature
poétiquement s’associe à nos chagrins
Ceux qui sont partis ne reviendront
pas sinon au pays de nos souvenirs
Qu’importe le lyrisme déchirant
et sentimental puisqu’il n’y a plus
personne et que nous ne serons
bientôt nous-mêmes que des noms
Parole de survivant
. aux Mânes de Michel D.
Un ami poète défunt
c’est une langue qui s’éteint
c’est une civilisation qui disparaît
c’est un arrachement terrestre
et un rétrécissement du Tout
mais aussi d’un peuple
qui nous fut si précieux
qu’on en mesure la part perdue
à la dose trouvée
de souffrance muette
« Commaison »*
Ah si le ciel pouvait être
ce qu’il fut jadis : un toit
pour le monde humain
Ce rêve d’une maison
commune qui assurerait
la survie de la tribu Homo,
comme il est prégnant !
Comme il est contraire
à l’avenir qui se profile !
* Néologisme de Michel Deguy.
(« La commaison » Ed. L’extrême contemporain.)