Insoluble intervalle
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Après quel gibier au pelage désespérant clabaude ton coeur, ce limier perspicoriace ? Ce qu’il flaire a l’odeur angélique d’un souvenir d’ambre gris. Ce pourrait être un jardin nomade, toison d’oliviers frisés, allées de galets murées dans leur lointain par la mer, trompettes du mistral dans les cannes tronquées et les souches creuses. Les daims et daines au dos tacheté comme des amanites y entraînent leurs faons à brouter les feuilles, les écorces tendres et les bourgeons des halliers. Sous les pampres d’acides lambrusques, nichent sans discrétion les grives musiciennes. Un concert d’érudites – truffé de citations empruntées ! Quant à la piste que vaguement croit détecter ton coeur, elle paraît mener vers la lointaine vitre éblouissante de la tour sud, la plus acérée, d’un haut château qu’on entrevoit outre les mélèzes. Sans doute s’agit-il de la fenêtre qui éclaire, en sa chambre somptueuse, la Belle endormie. Le sauras-tu jamais, puisque le but recule selon la rapidité de ton avance ? Il est plus sage de prendre dans tes bras l’Ambassadrice dont le regard vert contient l’abysse au fond duquel tu vois trembler ce paradis…
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Publié par : Xavier Bordes | 18 janvier 2020
Insoluble intervalle
Publié dans Jeu bleu, Litoribus adludit, Poésie en vers et en prose, Sur le motif
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