Publié par : Xavier Bordes | 30 janvier 2020

Par la fenêtre


Par la fenêtre
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Dehors se trouve un monde étrange
Des villages bas avec une rue centrale
et des croisées noires où de blancs rideaux
retombent sur des faces intriguées
Elle n’aiment pas qu’on voie leur curiosité
s’interroger sur le garçon en moto crépitante
qui tourne au coin de l’unique carrefour
ou le type trapu qui sort du bistrot en lissant
machinalement sa moustache le pouce
glissé sous la bretelle gauche d’une salopette
de jardinier Ailleurs il y a des villes pleines
de manifestants avec des pancartes vengeresses
Sur d’autres continents des milliers de bipèdes
se mutilent réciproquement par tous les moyens
Indifférents à ce que les mines dont ils ont
piégé les champs blessent des enfants innocents
Dans les belles villas des bords de mer des oisifs
regardent à la télévision des soaps dont les acteurs
font semblant de vivre des drames sentimentaux
avant de rentrer chez eux se cuire des spaghettis
aux œufs ou se faire livrer d’énormes hamburgers
En des régions énigmatiques à Grandes Murailles
on mange du chien découpé en cubes minuscules
avec des baguettes en bambou On soigne le mal
de tête avec du venin de mygale On se frotte
les tempes avec le baume du Tigre ou encore
on s’enfarine la face et les bras de cendres
Et tout cela n’est rien que miettes de ce qu’on
pratique d’ordinaire dans les diverses sociétés
qui composent l’Humanité – Alors oui Je puis
affirmer que dehors se trouve un monde étrange

 

 

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